En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut

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 » Certains ne deviennent jamais fou… Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. » Charles Bukowski

 

Résumé :

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur « Mr. Bojangles » de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

 

Hello shining people !

J’ai décidé de lire ce livre après avoir vu sa présentation dans l’émission « La grande Librairie », il est sorti ce début janvier, et c’est une belle lecture, très prometteuse, pour un premier roman de cet auteur.

C’est un roman qui m’a chamboulée, je suis passée du rire aux larmes, surtout aux larmes en fait. C’est assez rare que je me laisse à ce point prendre par les sentiments par un livre. Tout au long de ma lecture, j’éprouvais de la mélancolie, de la nostalgie et j’avais un mauvais pressentiment. Certes, c’est aussi drôle et je voulais profiter, rire et voir la vie totalement différemment, être libre comme le sont ces personnages, mais je ne pouvais pas ignorer ce qui planait sur eux. Je tentais de me raccrocher au ton léger et plein d’humour, pour ne pas trouver l’histoire trop triste, mais je n’ai pas pu m’empêcher de réaliser à quel point elle est déchirante. Plus les personnages me paraissaient géniaux et attachants, plus je voyais le petit rien qui clochait chez eux devenir un fléau. Ce grain de folie, qui les rend exceptionnels, dépassé un certain point, devient irréversible. Pour moi c’est ce qui a été le plus dur à supporter, savoir que ce que j’admirais chez eux allait les mener à leur perte.

En effet, les personnages sont tous formidables. Le père, Georges, charismatique et admirable, prêt à tout pour sa femme et son fils, voit la vie comme un jeu. Il parle comme un conteur, il a le sens de la formule et des anecdotes invraisemblables à raconter. La mère, qui porte un nom différent chaque jour (avant-goût de schizophrénie), est douce, elle aime son mari et son fils à la folie, elle vit dans une douce folie. Je me suis un peu identifiée à elle, en tant que femme, pas en tant que mère vu que je ne le suis pas encore, quand elle rencontre son futur mari. Je me disais, elle a raison, elle fait bien d’être un peu folle, je trouvais qu’elle exagérait mais je me disais qu’elle aurait le temps de s’assagir. Puis il y a celui qui raconte cette histoire, le petit garçon, dont on ignore le nom, mais qui est au cœur de cette famille fantaisiste. C’est à travers ses yeux que j’ai le plus ressenti la tristesse. D’abord parce qu’il admire infiniment ses parents et puis parce qu’il se rend compte petit à petit que quelque chose ne tourne pas rond chez sa mère. J’ai trouvé très touchante la façon dont il tente de comprendre et justifier le comportement de ses parents. Sans oublier leur oiseau exotique de compagnie, Mlle Superfétatoire, incarnant la touche loufoque et un caprice supplémentaire de la mère.

Concernant la plume de l’auteur, j’ai eu un peu de mal au tout début, à me faire au style. Mais c’est une très jolie écriture, tout en poésie, jouant avec les mots et les expressions d’une manière très ingénieuse. À tel point que cela donne un rythme musical, comme l’effet d’un refrain, lorsque certaines phrases sont reprises à plusieurs moments. D’ailleurs, « Mr. Bojangles » de Nina Simone, est leur chanson fétiche. Je l’ai écoutée en lisant, et tout l’album en boucle. Je ne la connaissais pas, elle est très belle et a rajouté une dimension à ma lecture, m’immergeant encore plus dans la frénésie. Je trouve l’idée d’associer une musique à un livre judicieuse, car l’empreinte de l’histoire s’ancre d’autant plus dans la mémoire du lecteur.

Ainsi, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, c’est un petit coup de cœur. Je regrette juste qu’il n’ait pas été un peu plus étoffé, j’aurais voulu en lire plus, sur les débuts du couple notamment.

« Afin de m’instruire, mes parents ne manquaient pas d’idées. Pour les mathématiques, ils me déguisaient avec des bracelets, des colliers, des bagues, qu’ils me faisaient tout enlever jusqu’au caleçon pour les soustractions. Ils appelaient cela « le chiffre-tease », c’était d’un tordant. »

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